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Le Chambon-sur-Lignon a une longue histoire avec le cinéma puisque le premier cinéma de quartier a existé dès 1930. Quelques années plus tard fut créé par l’association familiale protestante, le Foyer Cévenol, ayant pour but l’exploitation d’un cinéma chambonnais. Il s’installa quartier de la gare en 1938 et en 1945 à l’emplacement du SPAR actuel. Le Foyer Cévenol, fonctionna toutes ces années grâce à des bénévoles, il fut cependant contraint de fermer dans les années 70, par manque de public.

Au début des années 80, une vingtaine de personnes à titre individuel ou représentant des associations ou structures (voir encadré) décident de recréer un cinéma. D’emblée, elles prennent deux décisions : ce sera sous la forme d’une société coopérative et il s’agira d’un cinéma d’art et d’essai. Il s’appellera le Cinéma Scoop.
Alain Déléage, à l’époque professeur au Collège Cévenol, aujourd’hui président du Cinéma Scoop, explique :
« Nous avons créé une coopérative, chaque participant ou représentant d’associations a pris des parts. Il a été décidé que la municipalité ne serait pas partie prenante, nous voulions absolument garder notre indépendance. Avec la mairie qui est propriétaire du cinéma, nous avons signé une convention de partenariat extrêmement favorable. Cela s’est toujours bien passé et encore aujourd’hui. »
Créer un cinéma d’art et d’essai était un engagement pour une ouverture maximale et une ligne éditoriale ambitieuse : une programmation faisant une grande place aux films d’auteurs, aux oeuvres cinématographiques qui affichent un caractère de recherche et de nouveautés, aux oeuvres de pays dont la production est peu diffusée en France, donc en VO et chaque fois que c’est possible, avec des intervenants.
Le label « Art et Essai » est décliné en trois catégories : recherche et découverte ; jeune public ; patrimoine et répertoire. Le Cinéma Scoop a les deux premiers labels et espère le 3e cette année, cette qualification est source de subventions.

deux passions, le cinéma et le théâtre

Aujourd’hui à la retraite, Alain Déléage est toujours présent et très actif : « J’ai deux passions, le cinéma et le théâtre. Quand j’étais au Collège Cévenol, avec d’autres, nous avons créé une section théâtre, j’ai suivi une formation auprès de l’école de la Comédie de Saint-Étienne. Il y avait un professeur de théâtre et un professionnel de la Comédie et cela fonctionnait très bien. J’emmenais également les élèves au cinéma Le Méliès à Saint-Étienne voir des films majeurs et j’avais l’idée de créer une classe cinéma mais cela ne s’est pas fait. »

Il a été président de l’association régionale « Plein champ » puis élu au niveau national pendant 9 ans à l’Association Française des Cinémas Art et Essai (AFCAE), au Centre National du Cinéma (CNC). Il a travaillé aux commissions : collèges et cinéma ; subventions ; équipements numériques. C’est donc tout naturellement que la salle du Chambon-sur-Lignon a été équipée et classée pilote en Haute-Loire pour son équipement numérique.
Avec les derniers travaux de restauration de la façade nord, les nouvelles enseignes et l’aménagement du hall, avec le soutien de la municipalité, le cinéma revisité est très accueillant et convivial. Ce long engagement a valu à Alain Déléage d’être nommé Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres en 2007.
La politique générale du Cinéma Scoop s’articule autour de deux axes. D’une part, diversité, qualité, films tout public et prix modéré et d’autre part, travailler avec le maximum de partenaires. C’est Alain Déléage qui s’occupe des partenariats avec les différentes associations, des relations avec la mairie, avec l’AFCAE (Association française des cinémas d’art et d’essai). « Nous souhaitons travailler avec toutes les structures sociales et culturelles qui le souhaitent pour s’inscrire dans le territoire » précise-t-il. C’est ainsi que le cinéma est partie prenante avec la manifestation du « Fauteuil rouge » (le cinéma comme vecteur de sensibilisation aux handicaps et à la différence), le collège public avec son atelier cinéma, Les Lectures sous l’arbre, la Communauté de communes dans le cadre de la PULP (Petite université libre et populaire) ou dans le cadre des expositions (film d’Anita Conti autour du thème de l’eau) ou encore, l’association Profil (une réflexion chrétienne sur notre temps à travers le cinéma). Et aussi, d’autres associations, comme Les Amis du Lieu de Mémoire, La Société D’Histoire de la Montagne, Jubilons…

CinéFête

Avec plus de 800 entrées, la quinzième édition de Cinéfête a retrouvé ses couleurs. Les séances avec débat ont fait salle pleine : Le procès Goldman, Annette Zelhman, Les Camisards et je remercie nos intervenants, le réalisateur Philippe Le Guay, Alban Jamin, enseignant cinéma et Alain Arnoux » souligne Alain Déléage. « Cinéfête », un moment intense, festif où pendant une semaine le village vit « cinéma ». Films naturellement, mais aussi rencontres, débats, concerts, expositions… Pendant quelques jours, c’est la fête du 7e Art. Organisées autour du fil conducteur « Des résistances au dialogue d’hier et d’aujourd’hui », les éditions se succèdent avec bonheur.
Chaque année, une offre de qualité, variée, pour tous les publics, donne à voir un large panorama de la production présentée à Cannes. Alain Déléage a sa technique : « Je vais à Cannes, je choisis les films qui m’intéressent, je contacte les distributeurs et on voit s’il est possible de les avoir ou pas. » L’invitation de professionnels du cinéma, journalistes, scénaristes, acteurs, musiciens, donne à ce rendez-vous un intérêt indéniable. Pour n’en citer que quelques-uns : Marek Halter, écrivain ; Boris Henry, critique de cinéma ; Irène Jacob, actrice, sans oublier l’invité prestigieux que fut Jean-Louis Trintignant venu deux fois, en voisin. Un hommage émouvant lui a été rendu l’an dernier en présence de sa compagne Marianne Hoepfner-Trintignant et du comédien Philippe Morier-Genoud.

Les bénévoles

Il est difficile d’en trouver aujourd’hui et Alain Déléage est fier de son équipe, restreinte mais active. Blandine Berta, responsable de la programmation adultes, précise : « La commission programmation est composée de 3 personnes : Anne-Marie Bacha (programmation jeunesse), Alain Déléage et moi-même. Toutes les trois semaines, ensemble nous finalisons cette programmation. »
Raymond Grand est chargé des finances, Lucien Valla de la communication, Margaine Déléage, Alain Bacha, Dominique Berta, Michel Lombard apportent leur aide ponctuelle. Sans oublier les projectionnistes Johane Abrial, Françoise Fournier et Grégoire Valayer. Il est à noter que les distributeurs peuvent imposer un nombre de séances et un délai d’au moins 3 semaines après la sortie des films, ce qui complexifie la programmation, même si le système français permet encore d’avoir une production importante et un bon maillage de sorties dans les « petites » salles. Fort heureusement le Cinéma Scoop adhère à l’ADRC (Agence de développement pour le cinéma en région), c’est un atout majeur qui lui permet d’avoir hebdomadairement un film art et essai en deuxième sortie nationale.

Le conseil d’administration va lancer un appel à candidatures pour administrer le cinéma. Les candidats feront une année de bénévolat et ensuite seront élus, ou pas, par le conseil d’administration. Alain Déléage, avant de quitter le navire, aimerait laisser le cinéma en bonne santé financière avec tous ses labels et trouver une ou deux personnes qui voudront bien s’en occuper.

Car finalement, comme le dit si bien Claude Lelouch :

« Le seul diplôme qu’exige le cinéma est l’amour de la vie et le courage de prendre des risques ».

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