L’histoire du village est marquée par un esprit de résistance qui trouve ses racines au 17e siècle. Lorsque le culte réformé est interdit, les habitants vont maintenir un culte clandestin au Désert. Bien des années plus tard c’est cet » esprit de résistance » qui favorisera l’engagement des habitants pour accueillir des réfugiés et sauver de nombreux enfants juifs, pendant la Seconde guerre mondiale.
Le Chambon et la Montagne protestante
Dès 1530, la Réforme s’implante dans la paroisse depuis l’Ardèche. En 1598, l’Edit de Nantes autorise deux lieux de culte dans le Velay, au Chambon et sur la paroisse de Saint-Voy où des temples sont bâtis. À partir des années 1670, les Protestants subissent les dragonnades avant que les temples ne soient détruits et le culte interdit. La foi protestante se maintient grâce aux pasteurs clandestins qui continuent à célébrer des cultes « au Désert » malgré la répression.
Le XIXe siècle permet à la religion protestante de s’afficher à nouveau comme le montre la construction d’un temple au cœur du village. C’est aussi la période où un renouveau religieux s’exprime dans des mouvements dit du Réveil. Vers 1820 quelques paroissiens adhérent à « l’Église libre » dont le centre est au Riou au Mazet-Saint-Voy. Dans les années 1840, le mouvement darbyste se développe. L’Armée du Salut crée aussi une « citadelle » importante au Chambon à la fin du XIXe siècle.
Le Chambon, une terre d'accueil et de refuge
À la même époque, l’Œuvre des Enfants à la Montagne permet aux enfants des grandes villes industrielles de profiter d’un séjour au bon air. En 1902, une ligne de chemin de fer relie le Chambon à Saint-Etienne via Dunières et par Saint-Agrève à la vallée du Rhône. Elle favorise l’essor touristique du village. Les premiers équipements touristiques sont en place. Homes d’enfants et hôtels accueillent des colonies de vacances et des estivants. C’est grâce à la conjonction de ces infrastructures et d’un esprit de liberté que se met en place l’accueil des réfugiés espagnols en 1939.
Après 1940, le Chambon et les villages alentours deviennent une véritable terre d’asile pour les réfugiés juifs majoritairement des enfants tandis que d’autres hameaux accueillent réfractaires au STO et maquisards. En 42, le Pasteur Trocmé fait lire un message à ses élèves du Collège Cévenol, véritable camouflet à la face de Vichy. La résistance civile s’organise partout dans les fermes et hameaux du plateau, tandis que se mettent en place des filières permettant aux réfugiés de passer en Suisse. Ce comportement exemplaire des habitants est un exemple exceptionnel en France et en Europe de résistance « avec les armes de l’esprit », organisée par toute une population. Elle vaudra au village la distinction de Justes parmi les nations.